L'ACAI PROPOSE AUX PAYS AFRICAINS DES SOLUTIONS DE FINANCEMENT CLIMATIQUE EN RÉPONSE AU RETRAIT DES ÉTATS-UNIS DE L'ACCORD DE PARIS, PREMIER ÉMETTEUR MONDIAL DE GAZ À EFFET DE SERRE.

Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, la suspension des financements fédéraux et le démantèlement de l’USAID constituent un signal fort pour les pays africains, soulignant l’importance d’une autonomie stratégique et financière dans la lutte contre le changement climatique et la promotion du développement durable. Cette situation met en lumière des enseignements clés et des pistes d’action essentielles, notamment pour les États du bassin du Congo, dont la forêt tropicale, deuxième plus vaste au monde, joue un rôle central dans la régulation du climat planétaire. Leçons à tirer La volatilité des engagements internationaux: L’un des principaux enseignements est que, bien que cruciaux, les accords internationaux sur le climat demeurent vulnérables aux fluctuations politiques des grandes puissances. L’Afrique ne peut plus compter uniquement sur des engagements financiers externes, susceptibles d’être remis en cause à tout moment. L’importance d’une souveraineté climatique et financière Face à l’incertitude des engagements internationaux, les pays africains doivent renforcer leur souveraineté climatique et financière. Cela passe par le développement de mécanismes de financement autonomes, la valorisation des ressources naturelles et la mise en place de politiques environnementales adaptées aux réalités locales. En réduisant leur dépendance aux financements externes, les États africains pourront mieux anticiper et répondre aux défis climatiques tout en assurant un développement durable. La nécessité d’une coopération régionale renforcée: L’absence d’un acteur majeur comme les États-Unis pourraient encourager les pays africains à intensifier leurs alliances intra-africaines et Sud-Sud. En renforçant leur coopération régionale et en développant des mécanismes de financement communs, ils pourraient non seulement compenser la perte des financements extérieurs, mais aussi accroître leur influence diplomatique sur les questions climatiques et environnementales. Une opportunité pour redéfinir les partenariats: Cette situation pourrait représenter une opportunité pour l’Afrique de diversifier ses alliances en s’orientant vers d’autres partenaires tels que l’Union européenne, la Chine, les BRICS, ainsi que les fonds souverains africains et les marchés de capitaux locaux. En explorant ces alternatives, les pays africains pourraient renforcer leur résilience financière et stratégique tout en poursuivant leurs objectifs de développement durable et de lutte contre le changement climatique. Solutions et stratégies à adopter Création d’un Fonds Africain pour le Climat et la Biodiversité: Les États africains, en particulier ceux du bassin du Congo, devraient instaurer un fonds continental dédié au financement climatique. Ce fonds pourrait être alimenté par des taxes sur les industries extractives, un pourcentage des revenus issus des marchés carbone et des contributions des institutions financières régionales. Une telle initiative renforcerait l’autonomie financière du continent et garantirait des ressources stables pour la protection de l’environnement et le développement durable. Valorisation des crédits carbone africains Le marché du carbone constitue une opportunité stratégique pour les pays du bassin du Congo. En mettant en place une bourse carbone africaine et en fixant des prix équitables pour les crédits issus de la conservation des forêts et de la séquestration du carbone, l’Afrique pourrait attirer une part substantielle du financement climatique mondial. Une telle initiative permettrait non seulement de valoriser ses ressources naturelles, mais aussi de renforcer son autonomie financière dans la lutte contre le changement climatique. Développement de financements endogènes: -Mise en place de taxes vertes sur les industries polluantes et extractives afin de financer la transition écologique et de responsabiliser les acteurs économiques. -Développement de Green Bonds et d’instruments financiers dédiés aux projets de reforestation et aux énergies renouvelables, permettant de mobiliser des capitaux à long terme pour des initiatives durables. -Encouragement de l’investissement privé à travers des partenariats public-privé dans les infrastructures durables, favorisant ainsi une croissance verte et résiliente. Renforcement de la coopération intra-africaine et Sud-Sud -Élaboration d’une stratégie concertée au sein de l’Union Africaine pour mutualiser les ressources, harmoniser les politiques climatiques et renforcer la position du continent sur la scène internationale. -Renforcement des échanges avec d’autres régions du Sud global (Amérique latine, Asie du Sud-Est) afin de partager les expériences, développer des bonnes pratiques et mettre en place des projets communs en matière de transition écologique et de financement climatique. Diplomatie climatique offensive: -L’Afrique doit exiger des engagements plus fermes de la part des pays historiquement pollueurs, en exerçant une pression constante sur les instances internationales pour que des actions concrètes et responsables soient prises. -Les pays du bassin du Congo doivent unifier leur voix lors des négociations climatiques, afin d’obtenir un meilleur accès aux financements verts et garantir que les transferts technologiques soient adaptés à leurs spécificités et besoins en matière de conservation et de développement durable. Investissement dans l’innovation et l’industrialisation verte: Accélération des programmes de transition énergétique en Afrique, en mettant l’accent sur le solaire et la biomasse, pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et favoriser un développement énergétique durable et accessible. Promotion des industries locales de transformation du bois et des produits forestiers, afin d’éviter l’exportation brute des ressources naturelles et de maximiser la valeur ajoutée, créant ainsi des emplois et renforçant l’économie locale. Position et décisions à adopter: -Refus de toute nouvelle dépendance structurelle : L’Afrique ne doit pas se contenter de chercher un remplaçant aux financements américains, mais plutôt repenser son modèle économique pour renforcer sa résilience face aux défis climatiques et environnementaux; -Leadership affirmé au sein des négociations internationales : Les pays africains, en particulier ceux du bassin du Congo, doivent s’imposer comme des acteurs clés dans la gouvernance climatique mondiale, en exigeant des contreparties financières et technologiques pour leurs efforts de conservation; -Adoption de politiques climatiques ambitieuses mais réalistes : En privilégiant des stratégies endogènes et des solutions adaptées aux contextes locaux, l’Afrique peut non seulement surmonter cette crise, mais aussi en faire une opportunité pour affirmer sa souveraineté écologique et économique. En somme, le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris et la diminution des financements ne doivent pas être considérés comme une fatalité, mais plutôt comme un appel à l’émancipation des pays africains dans leur lutte contre le changement climatique. L’urgence réside dans l’accélération des initiatives locales, le renforcement des alliances stratégiques et la mise en place de mécanismes de financement autonomes pour garantir la durabilité des actions en faveur du climat et du développement durable. Bienvenu ONGOUNDOU Conseiller Technique Régional Partenariat Public-privé de l’ACAI
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